1 Un an après le lancement de l’Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au climat (GACSA), la société civile réitère son opposition à cette initiative dans une 3e déclaration commune, signée par 355 organisations du monde entier.

Créée lors du sommet climat de l’ONU en septembre 2014, l’Alliance mondiale pour une agriculture intelligente face au climat (GACSA) est une initiative qui compte près d’une centaine de membres et notamment 22 Etats et des entreprises, parmi lesquelles de grandes multinationales de l’agro-industrie.

Le concept d’ « Agriculture intelligente face au climat » (« Climate Smart Agriculture » ou CSA), introduit pour la première fois par la FAO en 2010, est conçu comme un cadre visant à réorienter les systèmes agricoles pour soutenir les objectifs de développement et de sécurité alimentaire face aux changements climatiques. Ce concept est cependant fortement contesté, y compris par la communauté scientifique : 70 universitaires se sont ainsi ouvertement opposés au modèle de la CSA, promouvant à la place, la légitimité scientifique et sociale de l’agroécologie [1].

3Dans leur déclaration, les organisations signataires dénoncent le caractère trop vague et large de la définition d’«agriculture intelligente face au climat», qui permet d’inclure des pratiques dommageables pour la souveraineté alimentaire et le climat. En effet, aucun critère ne définit ce qui est ou n’est pas «intelligent face au climat». Les entreprises de l’agro-business qui promeuvent l’utilisation d’engrais chimiques, la production industrielle de viande et l’agriculture à grande échelle, consommatrice d’intrants et de pesticides chimiques peuvent ainsi se targuer d’apporter des réponses « intelligentes » face aux dérèglements climatiques tout en perpétuant leurs pratiques [2]. Alors même que ces dernières sont largement reconnues comme contribuant aux changements climatiques et nuisant à la résilience des systèmes agricoles. De surcroît, la GACSA, qui comprend de nombreux représentants du secteur de l’industrie des engrais, n’a mis en place aucun mécanisme de suivi et de redevabilité [3] et n’est donc pas en mesure d’évaluer ce qu’elle considère comme climate smart.

Les Etats qui signeront un accord cette année lors de la COP 21 doivent se tourner vers des solutions qui répondent véritablement à la crise alimentaire et climatique, telle que l’agroécologie paysanne qui devrait être le pilier fondamental de toute politique agricole. Un « Agenda des solutions » est en cours de création pour la COP 21 avec pour objectif de lister initiatives concrètes pour lutter contre les dérèglements climatiques.  Les organisations signataires demandent aux gouvernements de ne pas reconnaître l’ « agriculture intelligente face au climat » comme solution aux changements climatiques au sein de cet Agenda et de n’orienter aucun financement lié à la lutte contre le changement climatique vers des projets et programmes estampillés « agriculture intelligente face au climat ».

 

Texte complet de la déclaration de la société civile: Ne vous laissez pas leurrer ! La société civile dit NON à l’ « agriculture intelligente face au climat » et exhorte les décideurs à soutenir l’agroécologie.

 


[1] Une deuxième lettre signée par des scientifiques a été publiée en juin 2015.

[2] Par exemple, Monsanto, Walmart et McDonald’s ont lancé leurs propres programmes « d’agriculture intelligente face au climat ».

[3] Cfr. IDDRI Policy Brief « Ensuring Transparency and Accountability to GACSA in the perspective of COP 21 »

 

 

Pin It on Pinterest

Share This