De juillet à octobre 2023, notre membre français AVSF a coordonné une équipe de consultants pour réaliser une étude de cas sur les Village Animal Health Workers (VAHWs, dénomination cambodgienne des agents communautaires de santé animale) au Cambodge.
L’étude, mené dans le cadre du projet sur les ACSA financé par l’USAID/BHA et mis en œuvre conjointement par VSF International et l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OMSA), a impliqué divers acteurs, notamment des agriculteurs familiaux, des VAHWs, des vétérinaires de district, des responsables de pharmacies et des informateurs du niveau central afin de comprendre les forces et les faiblesses des actuels programmes de déploiement de VAHWs.
Cette étude de terrain a été clôturée par un atelier national qui s’est tenu à Phnom Penh en octobre 2023 et qui a rassemblé 58 participants, dont les représentants de 23 des 24 services vétérinaires provinciaux. Au cours de l’atelier, les participants ont discuté des défis de durabilité auxquels sont confrontés les VAHWs au Cambodge.
Le gouvernement cambodgien soutient la formation et le déploiement des VAHWs depuis environ 20 ans, avec une reconnaissance légale et des dispositions officielles concernant leur programme de formation, leur durée de formation et le recours à un formateur agréé. Dans un contexte d’enjeux de santé animale tels que la grippe aviaire et, plus récemment, la peste porcine africaine et la dermatose nodulaire, le gouvernement s’est fixé pour objectif de déployer un VAHW par village. Un objectif presque atteint puisqu’en 2020, 11 747 VAHWs étaient enregistrés à la Direction générale de la santé et de la production animale pour 14 384 villages au Cambodge. Cependant, en 2021, seuls 47% des VAHWs déclarés en service étaient considérés actifs. Une question clé a été soulevée par les participants au cours de l’atelier : « Comment réactiver les VAHWs les moins actifs ? »
Les VAHWs jouent un rôle essentiel dans l’amélioration de la santé et de la productivité du bétail élevé par les petits exploitants agricoles, améliorant ainsi le revenu et la sécurité alimentaire des ménages. Ils fournissent des services de santé animale payants en tant que travailleurs indépendants et sont également censés collaborer bénévolement avec les vétérinaires du district pour la collecte de données, les campagnes de vaccination et les activités de lutte contre les maladies.
Plusieurs défis doivent encore être relevés pour qu’ils puissent jouer durablement leur rôle de prestataires locaux de services de santé animale de qualité, tels que:
- l’accès à des formations régulières de remise à niveau basées sur les besoins réels de leur région en matière de santé animale, y compris l’émergence de nouvelles maladies ;
- une reconnaissance institutionnelle accrue au niveau du terrain, avec des incitations à participer activement aux activités du gouvernement et des aides à la visibilité pour démontrer leur légitimité aux éleveurs ;
- l’accès à des produits pharmaceutiques vétérinaires de qualité à un prix équitable ; et
- une sensibilisation accrue des éleveurs aux avantages et au rôle des activités de prévention et de lutte contre les maladies.
Dans l’ensemble, les VAHWs les plus actifs et les plus performants sont particulièrement intéressés et engagés dans leur travail, cherchant toujours des opportunités pour apprendre et élargir leurs connaissances. À cet égard, les coopératives de VAHWs ont permis aux VAHWs de renforcer leur réseau, de promouvoir leurs services auprès des agriculteurs et de faciliter le partage d’expériences et l’accès aux intrants vétérinaires. L’implication des VAHWs dans des coopératives agricoles plus larges pourrait donc être considérée comme une opportunité à développer au Cambodge.
Cet article a été rendu possible grâce au financement du Bureau pour l’assistance humanitaire de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international, dans le cadre de la mise en œuvre du projet n° 720BHA21IO00330 « Renforcer l’environnement favorable aux agents communautaires de santé animale par le développement de lignes directrices pour leurs compétences et leur formation ». Ce projet est mis en œuvre par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA, fondée en tant qu’OIE) en collaboration avec Vétérinaires Sans Frontières International (VSF-Int). Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur ou des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international.